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«Depuis plus de dix ans, les marchés immobiliers suisses évoluent dans des sphères quasi paradisiaques: prix et loyers en perp ét u e ll e c ro i s - sance, demande inlassable et taux de vacance bas, le tout motivé par des taux d’intérêt plancher.» C’est avec cette phrase que le Credit Suisse entame son rapport 2016 sur le marché immobilier suisse. Une phrase qui montre le profond mépris que les milieux bancaires et immobiliers portent à la situation des locataires. En effet, comment pouvoir parler de paradis lorsque les loyers augmentent, que des femmes et des hommes, actifs ou retraités, en famille ou vivant seuls, ne trouvent pas à se loger à des conditions financières acceptables et qu’ils doivent recourir, quand c’est possible, aux prestations sociales de l’Etat. Que penser d’une banque qui se félicite – sans aucune vergogne – que dans le secteur des immeubles locatifs, appelé pudiquement immeubles résidentiels de rendement, «les investisseurs obtiennent un rendement direct de trois points de pourcentage supérieur à celui des emprunts de la Confédération à dix ans», soit un rendement maximal global nettement supérieur à celui fixé dans la législation. Quasi simultanément la presse se faisait l’écho d’une étude de la HES Lucerne montrant que 32% des résiliations de bail touchent des locataires âgés entre 65 et 74 ans, alors même que cette tranche d’âge ne représente que 12% de la population et que ce taux s’élève à 16% pour les plus de 75 ans, alors que cette tranche d’âge ne représente que 10% de la population. Une surreprésentation choquante lorsque l’on sait les difficultés des personnes âgées à supporter un déménagement et à changer de lieu de vie en raison de la perte du réseau social construit au fil des ans. Mais, si les personnes âgées sont plus particulièrement visées par les congés, c’est qu’en raison de la durée des contrats résiliés le niveau du loyer est inférieur à celui résultant d’un marché de pénurie et que la dès lors marge de hausse de loyer lors de la relocation permet d’atteindre – selon le langage du Credit Suisse – des rendements paradisiaques. Cela s’appelle le mépris des vieux! Contre ce mépris des vieux, le Conseil national peut agir en acceptant la motion demandant au Conseil fédéral de proposer une protection des personnes âgées et des familles contre les congés. C’est une obligation morale et sociale du Parlement de l’accepter, car il est intolérable que les investisseurs immobiliers accèdent au paradis uniquement en vouant à l’enfer les locataires, notamment les plus âgés et les plus vulnérables de notre pays!
16 mars 2016
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