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Plus fortes et plus forts ensemble

« Héritiers de cent ans d’engagement - en appui des locataires comme au plan politique – nous renforçons notre action. » souligne Balthasar Glättli, vice-président de l’Association suisse des locataires (ASLOCA). Familles et individus s’affilient d’ailleurs plus nombreux depuis des années, rejoignant 215'000 membres dans 22 sections. A l’initiative de l’association genevoise s’est tenu à Bienne le premier congrès national des locataires le dimanche 31 janvier 1915. C’est l’événement que l’ASLOCA marque bientôt par une soirée du centenaire, célébrée avec le conseiller fédéral Alain Berset, dans la cité ouvrière des origines. « A rebours du bon sens, la Confédération continue à rejeter sur les cantons et les communes la conduite d’une politique du logement. » a observé Balthasar Glättli, en se référant au rapport présenté par le Conseil fédéral le 17 décembre dernier. Le conseiller national regrette l’inaction gouvernementale face à la pénurie et des loyers qui grimpent malgré les taux planchers. Il a rappelé que les autorités fédérales elles-mêmes avaient su instaurer dans notre pays un contrôle puis une surveillance des loyers, dès 1917 et durant un demi-siècle. Le vice-président suisse a toutefois aussi relevé l’importance de l’ASLOCA pour conseiller et mieux protéger les locataires. « A l’année, des dizaines de milliers de ménages se font conseiller, obtiennent une aide juridique ou peuvent compter sur des professionnels. » a encore constaté Balthasar Glättli. L’aide individuelle est appréciée : le nombre des membres de l‘ASLOCA augmente chaque année dans le pays. L’historien Ralph Hug a mis en évidence quelques pans d’une histoire méconnue. Les premières associations de locataires ont émergé en 1891 déjà à Bâle ou Zurich. Des grèves des loyers ont troublé Zurich en 1932 et Genève en 1977 par exemple. Sans assurer une protection suffisante, l’actuel droit du bail date de 1990 et limite les abus les plus criants, endurés par la partie faible au contrat pendant des décennies. Vétérane lucernoise, Sophie Marty, et Adrien Bavaud, fondateur de la section de Vevey, ont illustré les combats qu’ils ont conduits en pionniers, aux côtés des plus concernés, pour le droit à se loger décemment. Renseignements supplémentaires : Balthasar Glättli, vice-président, 076 334 33 66, Ralph Hug, historien, 079 628 18 86, Sophie Marty 079 387 59 09, Adrien Bavaud 078 868 50 66, Pierre Zwahlen, SG adjoint 079 615 44 33

Balthasar Glättli, vice-président de l’Association suisse des locataires

100 années d’engagement pour les locataires

L’Association suisse des locataires (ASLOCA) s’engage depuis cent ans déjà au plan suisse. Le premier congrès national des locataires s’est en effet tenu à Bienne le dimanche 31 janvier 1915. Auteur et historien, Ralph Hug expliquera tout à l’heure des pages d’’histoire des associations de locataires. Vous aurez aujourd’hui aussi la faculté d’entendre des actions vécues avec leurs échecs et leurs succès grâce à Sophie Marty, première accompagnatrice de l’ASLOCA lors de constats des lieux à Lucerne, et Adrien Bavaud, fondateur de la section veveysanne. Ces deux pionniers montrent en exemples tant les services aux membres que les actions de l’ASLOCA à l’attention des collectivités publiques. L’ASLOCA n’est pas seulement une fédération suisse fêtant ses cent ans, c’est aussi un mouvement qui compte plus de 215'000 membres, organisés en 21 sections. Elle est présente dans tout le pays. Les plus grandes sections comme Genève, Vaud ou Zurich sont des PME avec de nombreux employés, qui délivrent une large palette de services. Ce n’est pas un hasard de voir collaborer des personnes issues de Suisse romande, italienne et alémanique dans l’organisation au plan national. Il y a quatre ans, nous avons adapté notre structure et constitué une organisation suisse unique, à partir des trois faîtières en coordination dans chacune des régions linguistiques. Tandis que les prestations aux locataires restent fournies par les sections, le travail et l’action sur les sujets fédéraux est entreprise par l’ASLOCA Suisse, pour assurer la meilleure considération des droits des locataires, qui forment la grande majorité de notre pays. Permettez-moi encore quelques mots sur la situation actuelle du logement, avant que nous parlions de notre histoire :
  • Le Conseil fédéral a achevé en septembre 2014 la consultation sur la formule officielle et annoncé un message en avril prochain. Cette formule officielle rendra transparent le loyer précédent lors des changements de locataires.
  • Le 17 décembre dernier, le gouvernement a discuté d’un rapport comportant des recommandations. Ce rapport résultait du dialogue que les villes, les cantons ont entamé avec la Confédération autour du logement. Les recommandations demeurent malheureusement beaucoup trop modestes dans leur ensemble. Il est singulièrement dérangeant que la Confédération n’assure pas une responsabilité plus forte en politique du logement et qu’elle laisse aux cantons et aux villes la mise en oeuvre de mesures efficaces.
  • Le Conseil fédéral n’introduira pas davantage un droit de préemption des communes. Il n’a rien dit des terrains appartenant aux Chemins de fer fédéraux. Ces aires se trouvent souvent près des gares et proches des centres villes. Elles se situent dans des régions souffrant de la pénurie de logements. Il s’agit de biensfonds acquis pour un objectif d’utilité publique. S’ils ne sont plus nécessaires au rail, ils doivent être mis à disposition pour y construire des logements à loyer modéré aussi. Le gouvernement se prononcera tout prochainement sur les buts stratégiques des CFF 2015-2018. Il doit renoncer à contraindre le secteur immobilier des CFF aux rendements usuels de cette branche économique. Nous avons écrit cet automne à Madame Doris Leuthard, conseillère fédérale, et avons souligné à nouveau notre demande par le dépôt d’une pétition il y a huit jours.
C’est démontré : notre organisation centenaire a encore beaucoup à faire. Nous continuerons donc de nous engager pour les droits des locataires. Mais nous fêterons aussi ce beau siècle d’actions. Nous vous invitons donc cordialement à notre soirée jubilaire, qui aura lieu vendredi 30 janvier à Bienne en présence du conseiller fédéral Alain Berset.

Ralph Hug, historien et auteur

Un siècle d’histoire des locataires « Il faut un appui des pouvoirs publics »

Les associations de locataires sont apparues à la fin du 19ème siècle. Elles résultent des mutations profondes de la société. En 1915, la fédération nationale a été fondée à Bienne, le mouvement suisse des locataires naissait. La première association des locataires en Suisse a été créée à Bâle en 1891. La même année, une association de locataires a également été fondée à Zurich. Le but inscrit dans les statuts était la « défense des intérêts des locataires à se loger ». Un second objectif était de construire par l’Etat des « logements sains et bon marché ». En troisième lieu venait le postulat d’une « législation adéquate en faveur du logement ».
Le modèle allemand
Les premières associations de locataires ont vu le jour dans la mouvance des syndicats et des coopératives de consommation. Le modèle venait d’Allemagne. Les racines des associations de locataires sont à rechercher dans les mutations de la société au cours du 19ème siècle. L’industrialisation, l‘urbanisation entraînèrent de plus en plus d’hommes et de femmes en ville. En raison de cet afflux constant, les conditions de logement se sont continuellement détériorées. De surcroît, des propriétaires ont découvert que la location pouvait être une bonne affaire. Les associations de locataires furent aussi une réaction aux associations de propriétaires fonciers et immobiliers. Ces dernières s’étaient constituées peu auparavant. Il existait aussi des raisons locales spécifiques. L’association bâloise des locataires était le fruit d’une sorte d’« enquête sur le logement » menée en 1889. Cette investigation fut la première analyse publiée de la situation misérable du logement dans une ville suisse. Elle mit en évidence les logements souvent étriqués, sombres, humides et confinés, dans lesquelles des gens étaient contraints de vivre.
Des bailleurs féroces usuriers
Les abus appelaient des réformes. Au premier plan, on trouvait la lutte pour une meilleure hygiène et contre la tuberculose. « A chaque logement, ses cabinets » revendiquait-on. Le problème du logement devint part de la question sociale. La polémique enfla. Dans les premiers écrits des associations des locataires, on trouve des discours incendiaires contre le « féodalisme locatif »« la tyrannie locative » et les « bailleurs, usuriers féroces ». Etaient visés les bailleurs à la recherche de profits. Le président de l’association bâloise des locataires, Wilhelm Arnold, décrit en 1891 dans une brochure la situation d‘urgence régnant à Bâle. A titre d‘exemple, il cite un charpentier. Celui-ci vit alors avec sa femme et leurs cinq enfants dans un logement d’un volume de 19,2 m3. Arnold constate que l’initiative privée ne résout pas la question du logement. Il ajoute : « Nous demandons une aide de la collectivité publique. » Homme politique de gauche, Charles Naine partageait ce point de vue. Dans une brochure portant le titre «La question du logement à Lausanne», il exige de la Ville qu’elle soustraie du terrain à la spéculation pour y bâtir des logements bon marché. Il prend l’exemple inacceptable d’un immeuble qui en 1888 coûtait encore 30'000 francs. En 1912, le prix avait grimpé à 105'000 francs, et donc plus que triplé.
Euphorie associative
Au tournant du siècle, la plupart des grandes villes avaient leur association de locataires : Zurich, Bâle, Berne, Genève, St-Gall, mais également des localités comme Schaffhouse ou Goldach SG. La plus puissante était l’association des locataires de Zurich. Dix ans après sa fondation, elle a pu ouvrir un secrétariat et une agence de location. Cette dernière s’est vue remplacée en 1906 par une agence du logement de la ville. L’association zurichoise crée également la coopérative zurichoise de construction et d’épargne, afin de diminuer la dépendance aux bailleurs en disposant de propres logements. L’association lance aussi des formules de bail à loyer et le journal « Der Wohnungsmieter ». Durant une certaine période, il y eut même un tribunal arbitral paritaire pour les conflits de loyer. C’est un précurseur de l’autorité officielle de conciliation ultérieure. Les associations de locataires se sont mêlées de politique. A Bâle, une loi sur le logement est élaborée avant le tournant du siècle. Elle échoue toutefois en votation populaire. L’association bernoise des locataires, fondée en 1899, lance une initiative pour la construction d’immeubles locatifs urbains d’appartements de 2 et 3 pièces. Cette initiative échoue aussi. L’association saint-galloise fondée en 1898 a eu plus de succès. Elle crée une coopérative de construction pour des logements ouvriers, qui bâtit douze immeubles locatifs coquets, interdits à la revente. La ville de Suisse orientale, alors en plein boom textile, a participé à l’opération par une contribution financière.
Classes moyennes
Toutes les tentatives n’ont cependant pas été couronnées de succès. A Winterthour, l’association des locataires fondée en 1899 est rapidement dissoute. A Schaffhouse, elle s’est certes maintenue mais s’est contentée d’« exister dans un rôle contemplatif », comme la critique l’a mentionné. Le nombre de membres y oscillait entre 100 et près de 500. L’association zurichoise en comptait 520, Berne 200 et St-Gall 150. D’un point de vue social, la grande majorité des membres était issue de la classe moyenne et non pas de la classe ouvrière. Une explication pourrait en être le bas niveau des salaires, qui rendait impossible une dépense conséquente de cotisation annuelle. Les militants de défense des locataires se plaignaient alors déjà du faible degré d’organisation. Que seule une petite part des locataires soit groupée en associations, alors que les propriétaires immobiliers étaient bien organisés, soulevait bien des questions. Alors même que les locataires constituaient la majorité du pays. A Zurich vers 1905, il y avait 5'000 bailleurs contre 22'000 locataires. Au regard de ces proportions, ces derniers devaient apprendre à exercer leur réel pouvoir, écrivait Paul Pflüger. Pasteur, P. Pflüger présidait l’association zurichoise des locataires et en défendait vivement la cause. De 1910 à 1923, il fut membre de l’exécutif de la ville. C’est en bonne partie grâce à lui que Zurich devint un terreau fertile des coopératives d’habitation. Les revendications politiques des associations s’adressaient tant aux autorités des villes qu’à la Confédération. Les exigences portaient sur la construction de logements communaux, l’instauration de services municipaux du logement, de même que l’engagement d’inspecteurs pour éviter les logements insalubres. Il faut relever que la collectivité publique fut à cette époque déjà priée de ne plus vendre de terrains à des privés. Sur le plan fédéral, les représentants des locataires réclamaient plus de protection et un meilleur droit du bail.
Naissance de l’Association suisse des locataires
Des tentatives de s’organiser au niveau suisse eurent lieu déjà avant la Première Guerre mondiale. La constitution d’une faîtière nationale aboutit finalement en 1915. Le dimanche 31 janvier, 25 délégués se réunissent en congrès à Bienne à l‘hôtel « Schweizerhaus ». Ils fondent l’Association suisse des locataires. La presse n’y est pas admise. Comme les actes de fondation n’existent plus, les détails restent inconnus. Ce n’est qu’à partir de 1919 que l’on dispose de documents. L’Association suisse comportait alors 18 sections. En 1929, il existe une trentaine de sections déjà à travers toute la Suisse. Les organisations de locataires tentent de gagner des membres en leur offrant des services. Avec l’affiliation, elles proposent déjà une consultation juridique gratuite, une assurance couvrant des dommages ainsi qu’une information sur les sujets divers touchant à la location. Il y avait également des offres intéressantes d’entreprises de déménagement. En dépit d’une rhétorique de lutte des classes, elles coopèrent avec les associations de propriétaires et lancent des contrats paritaires de location. Ceux-ci comportaient souvent en annexe un règlement de maison, jardin et déchets avec des clauses détaillées. Ainsi, il était par exemple interdit de laisser du linge suspendu sur les lieux d’étendage les dimanches et jours fériés.
Grèves de locataires
Les problèmes locatifs deviennent parfois si aigus qu’éclatent des conflits non conventionnels. Les grèves de locataires en sont un exemple. Il y en eut à Zurich dans des années trente très tendues, mais aussi dans la Genève des années septante. La grève, soit le refus à titre transitoire des hausses de loyer, constituait le point culminant de la résistance contre les loyers chers et les hausses exagérées. A Zurich, sur fond d’action partisane, le Parti communiste appela à la grève en 1932 dans le quartier ouvrier du Kreis 4. Même si celle-ci a été bien suivie, l’action, qui n’était pas soutenue par l’association des locataires, n’a pas porté ses fruits. Par contre, la grève à Genève en 1977 a touché plusieurs grands ensembles, dont celui de Göhner à la périphérie de la ville. Les locataires concernés par une hausse de loyer se sont groupés eux-mêmes en association. Relevons qu’un des propriétaires visés par la grève était le syndicat de la branche métallurgique et horlogère FTMH, qui voulait mettre à disposition des logements à loyer modéré dans ses immeubles. De telles grèves sont restées exceptionnelles en Suisse. Contrairement à l’Italie ou à la France par exemple, où des groupes de locataires ont cessé parfois de payer leurs loyers pour protester contre la spéculation et les hausses exorbitantes.

Ralph Hug, historien et auteur

L’évolution du droit du bail en Suisse

Durant des décennies, le Conseil fédéral a réagi par droit d’urgence à la situation de misère du logement. Parce que le Parlement ne voulait pas d’un droit du bail à part entière : ill s’est longtemps accroché à des dispositions minimales du Code des obligations. Lorsque les premières associations de locataires se créent vers 1890, il n’y avait pas encore de droit du bail. Mais uniquement quelques dispositions dans le Code des obligations (CO) sur le contrat de bail à loyer. Il y a eu peu de changements par la suite. Le libéralisme régnait sans partage. On pensait que quelques règles de droit privé suffiraient pour aménager les rapports locatifs.
Droit de nécessité durant la guerre
Durant la Première Guerre mondiale de 1914-18 déjà, le Conseil fédéral a dû adopter un droit d’urgence. Les familles n’étaient en effet plus en mesure de payer leur loyer, car les pères accomplissaient leur service militaire sans indemnités pour perte de gain à l’époque. De nombreuses personnes se trouvaient menacées d’expulsion de chez eux. Le Conseil fédéral réagit en prolongeant les délais préalables à l’expulsion du logement. A la fin de la guerre, la situation ne s’améliore guère. Le Conseil fédéral accorde aux cantons le droit d’introduire des dispositions contre les hausses abusives de loyer et les résiliations injustifiées. Peu de temps après, il regroupe les dispositions urgentes des années de guerre. La possibilité de réduire le loyer initial est introduite parmi d’autres. Cet instrument n’est donc en rien une invention récente. Il est alors également possible d’annuler des résiliations.
Contrôle public des loyers
Avant la Deuxième Guerre mondiale, le Conseil fédéral introduit un contrôle des prix pour lutter contre le renchérissement important. Les loyers sont aussi concernés. Le Département de l’économie publique approuve dès lors chaque hausse de loyer. Une fois la guerre éclatée en 1939, des loyers maximums, qu’aucun bailleur n’a le droit de dépasser, sont même fixés. Les autorités peuvent aussi abaisser les loyers abusifs. Après la guerre, le contrôle des loyers subsiste car la pénurie de logements perdure. Ce n’est qu’en 1950 que les bailleurs, sans adaptations des prix durant sept ans, ont pu augmenter les loyers de 10%. Au cours de la période de haute conjoncture des années 60, on construit à nouveau davantage de logements, et la situation se détend. La Confédération fait marche arrière et lève progressivement le contrôle des loyers. Les milieux bourgeois soutiennent qu’on doit à présent miser sur un marché libre du logement. Des restrictions pour protéger les locataires sont dites inutiles. Les associations de locataires défendent la position inverse mais sont battues. En 1972, elles réussissent pourtant une percée en votation avec un dispositif constitutionnel, donnant à la Confédération le mandat de lutter contre les abus dans le secteur locatif. C’est ainsi qu’est créée la base de l’actuel droit du bail.
Une régulation nécessaire
Durant un quart de siècle, de 1946 à 1970, la Suisse a connu un contrôle puis une surveillance des loyers. C’est uniquement de 1912 à 1914 et de 1926 à 1936 que les dispositions minimales du CO seules s’appliquaient, comme l’a établi Helen Rohrbach dans un article récent (revue Mietrechtspraxis/mp 2/14). Hors de ces douze années prévalait ainsi un régime d’urgence, sans l’adoption d’un droit du bail durable à part entière. Rétrospectivement, la législation suisse du bail à loyer apparaît volatile, liée aux circonstances. On a protégé les locataires, puis la protection a été démantelée, en fonction des conditions du marché du logement. Il n’y a jamais eu dans notre pays un droit du bail évolué et social. Dans les années 70, sur fond de vagues spéculatives, une législation est mise en place pour combattre les abus. Elle est connue sous l’abréviation AMSL (Arrêté fédéral instituant des mesures contre les abus dans le secteur locatif). Le principe de lutte contre les abus reste aujourd’hui encore déterminant. Les projets qui allaient plus loin ont échoué, tant vers une dérégulation que vers une meilleure protection des locataires. Les tenants de la libéralisation des années 90 n’ont pas réussi à introduire les loyers du marché dans la loi. Et les associations de locataires n’ont pas réussi à découpler les loyers du taux hypothécaire variable pour atténuer la hausse continue (initiative populaire « pour des loyers loyaux »). Cette initiative tout comme un contre-projet ont été rejetés lors des votations de mai 2003. De même, les loyers indexés - projet des années suivantes - n’ont pas obtenu de majorité au Parlement en 2010.
Âpre combat et mini-réforme
Depuis lors, mise à part la nouvelle procédure inscrite au Code de procédure civile, il n’y a eu que de petites réformes par voie d’ordonnance, comme l’introduction dès 2008 du taux hypothécaire de référence pour tous les loyers du pays ou la disposition de l’ordonnance relative aux investissements à plus-value. La Suisse connaît toujours le plus haut niveau des loyers - et de loin - de l’ensemble de l’Europe. Une révision est en cours : l’extension à tout le pays de la transparence du loyer précédent. Il n’est toutefois pas encore certain qu’une majorité du Parlement soutienne le projet du Conseil fédéral. L’obligation de la formule officielle pour les modifications de loyers n’est pas une exigence révolutionnaire et existe dans plusieurs cantons déjà. Le combat à ce sujet montre à quel point une petite amélioration du droit du bail suscite toujours la controverse.

Adrien Bavaud, fondateur de l’ASLOCA Vevey : « Nous discutions les rénovations et les loyers directement avec les gérances »

« Venant de Bienne, j’emménage en 1970 à Vevey dans un immeuble neuf avec ma famille. Les échelles des peintres étaient encore dans l’appartement. Mes enfants, ma femme et moi avons dû vraiment camper avec nos meubles et endurer la fin des travaux, plus de deux semaines durant ! A Bienne, un tel mépris des locataires n’aurait pas été possible, me suis-je dit. Ce choc est peut-être à la source de mes engagements associatifs ultérieurs. Je rencontre à Lausanne notamment Jean Queloz et Roland Berdat, tous deux venus du Mouvement populaire des familles (MPF) pour constituer l’AVLOCA de l’époque. En relation avec Pierre Aguet, je suis vite convaincu qu’il faut fonder une section à Vevey. Je réunis les membres du comité nécessaire et trouve des appuis syndicaux et politiques. Au début, nous recrutions dans les bistrots, en mettant un fanion sur la table. A ma propre surprise, 1700 personnes adhèrent à notre section. Des chrétiens-sociaux, PDC, radicaux entrent au comité, que je préside de longues années. Nous repérions des travaux de rénovation, mettions des flyers dans les boîtes aux lettres de l’immeuble pour prévenir les gens des hausses de loyers. « On nous prend notre grenier, notre cave » s’inquiétaient les habitants. Nous regroupions les locataires et leur expliquions les démarches à entreprendre. A Corsier par exemple, en négociant avec le bailleur, l’ampleur des travaux a été réduite et les hausses prévues ont diminué de 30%. Nous n’étions pas juristes mais des militants qui discutaient directement les réfections et les loyers avec les gérances. La municipalité a finalement mise à notre disposition une seule salle attenante à l’église. Un soir par semaine, les locataires venaient consulter dans les quatre coins de la salle, faute d’autres espaces. A chaque variation du taux hypothécaire, le travail redoublait. Il fallait affronter des gérances souvent arrogantes. Avec d’autres, nous avons eu un dialogue réel en séances de conciliation. Plus tard, nous nous sommes mieux équipés. Un logiciel nous permettait par exemple de vérifier les décomptes de chauffage, très contestables ces années-là. Je n’ai jamais compris pourquoi le remplacement des toiles de tente, qui protègent les balcons du soleil, étaient à la charge des locataires. J’ai dû me battre seul, car personne n’osait contester une clause des Règles et usages locatifs vaudois. Juge laïc au Tribunal 2 de district pendant dix ans, mon expérience m’a servi pour convaincre en justice. Ces toiles de tente font l’image de l’immeuble comme les façades ! Les juges m’ont donné raison en 1996, et l’arrêt a fait jurisprudence dans toute la Suisse romande. J’ai fait primer le simple bon sens sur les arguments juridiques. »

Court portrait

Né à Neuchâtel en 1928, Adrien Bavaud a travaillé très jeune comme commissionnaire. Après son apprentissage, il devient un décorateur passionné dans plusieurs villes romandes, proposant aux bijoutiers et horlogers de tout le pays d’orner leurs vitrines. Dès 1945, une grande entreprise horlogère l’emploie à Bienne, durant dix ans d’essor des exportations de montres helvétiques. Adrien y forme des apprentis de Suisse allemande, de Hollande, de Tchécoslovaquie. Il préside bientôt l’Association bernoise des décorateurs. Il enseigne dès 1970 à l’Ecole des arts appliqués de Vevey. Il prépare activement la Fête des Vignerons de 1977 à la commission des costumes. Il s’engage dans la cité, est longtemps membre (PS) du Conseil communal, qu’il préside en 1989. Elu constituant, il prend part aux travaux pour la nouvelle Constitution vaudoise (1999-2002).

Sophie Marty, erste Wohnungsabnehmerin des MV Luzern

„Mit Politur, Stahlwatte und Entkalker unterwegs“

1985 wurde ich vom Mieterverband Luzern gefragt, ob ich bereit wäre, als Wohnungsabnehmerin zu wirken. Der bisherige Wohnungsabnehmer arbeitet sowohl für den MV wie auch für die Vermieterseite und dies war nicht mehr akzeptabel. So wurde ich die erste Wohnungsabnehmerin des MV in Luzern. Eine Einführung erhielt ich im Hotel Bern an einem Kurs des MV. Jeder Teilnehmer musste dort ein Hotelzimmer abnehmen. Sonst habe ich mir alles selber angeeignet. Mein Vorteil war, dass ich handwerklich begabt war und in meiner eigenen Wohnung schon immer alles selber machte. Noch heute helfe ich Nachbarn bei kleineren Arbeiten. Zur Vorbereitung einer Wohnungsabnahme telefonierte ich mit den Mietern, mögliche Probleme wurden vorbesprochen. Schon damals war der Schimmel ein grosses Thema, wichtiger als heute waren Raucherschäden, die Leute rauchten damals noch viel mehr in der Wohnung, die manchmal ganz schwarz vom Rauch waren. Auch Schäden von Hunden waren häufiger. Immer wieder vermittelte ich auch bei Zahlungsrückständen von Mietern, damit die finanziellen Probleme geregelt werden konnten. Dank der Sozialhilfe haben diese Probleme abgenommen. Ich hatte immer eine Tasche dabei mit Putzmittel um Wände abzuwaschen, Politur hell und dunkel für Türen, Stahlwatte für Platten zu schwärzen, Sicherungen, kleinere Lampen, Wasserpackungen, Schraubenzieher, Anschlüsse für Wasserhahnen, Entkalker, WC-Reiniger, Putzlumpen und –bürsten. Pro Jahr machte ich rund 100 Wohnungsabnahmen. Einen Schock erlebte ich, als ich bei einem Mieter eine überstellte Wohnung antraf: Alles war einen halben Meter hoch belegt, die Regale übervoll. Ich schindete für den Mieter einen Monat Zeit heraus und ging jeden Morgen um 9 Uhr zu ihm, um zu schauen, was er geräumt hatte. Ein anderer Vermieter wollte in der gleichen Wohnung zum dritten Mal bei einem Mieterwechsel ein verkratztes Fenster verrechnen. Da ich aber die Protokolle der vorhergehenden Wohnungsabnahmen aufbewahrt hatte, kam er damit nicht durch. Die meisten Wohnungsabnahmen verliefen aber gut, die Mieter nutzten den Wohnungsabnahmedienst des MV, weil sie unsicher waren und froh, dass jemand bei der Abnahme dabei ist. Ich selber habe keine Begabung zum Streiten. Vielleicht konnte ich deshalb zu guten Lösungen beitragen.
Sophie Marty
Sophie Marty, Jahrgang 1925, wurde Anfang der 70er Jahre Mitglied des Vorstands der Luzerner Wohnbaugenossenschaft ABL. Traditionellerweise war ein Vorstandsmitglied im Vorstand des Mieterinnen- und Mieterverbands. Sophie Marty übernahm dieses Aufgabe 1986, ein Jahr nachdem sie ihre Aufgabe als Wohnungsabnehmerin angetreten war. Sie blieb bis 2003 Vorstandsmitglied und machte bis 2005 Wohnungsabnahmen.

Pierre Zwahlen Secrétaire général adjt Asloca Suisse

20 janvier 2015
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