Faut-il parler dans ces colonnes de la guerre menée par Israël à Gaza? Des opérations militaires et des violences des colons en Cisjordanie à l’égard de la population palestinienne? Des crimes de guerre commis par l’armée israélienne, dont celui, ignoble, d’affamer volontairement la population de Gaza, ce territoire où l’état de famine a été officiellement déclaré par les Nations Unies le 22 août? Faut-il parler dans Droit au logement de la destruction massive et délibérée des immeubles de logement, de toutes les infrastructures sanitaires, éducatives, culturelles, sportives, productives et agricoles? Oui, c’est nécessaire.
Les souffrances infligées au peuple palestinien sont intolérables. Entre octobre 2023 et août 2025, la guerre a causé plus de 60 000 morts, dont 18 000 enfants, et près de 150 000 blessés. Quelque 1,5 million de personnes ont été déplacées et 92% des habitations détruites, selon les derniers chiffres de l’ONU. Ces évènements font écho à ceux de 1948 (la Nakba, c’est à dire la catastrophe), où 700 000 Palestiniennes et Palestiniens avaient été expulsés de leur maison, de leur village et de leur terre. Cela ne peut être passé sous silence et Droit au logement veut porter un message de solidarité avec les victimes de cette guerre. Il faut le dire: cette agression contre le peuple palestinien, que de plus en plus d’experts qualifient de génocide, formera une tache indélébile et ignominieuse sur la conscience des Etats européens, Suisse comprise. Ces nations qui se prévalent du droit international à longueur d’année n’ont, jusqu’à ce jour, rien entrepris de concret pour stopper le projet israélien d’appropriation du territoire palestinien et de nettoyage ethnique. Ces Etats assistent sans réagir par des actes à une fuite en avant continue, qui s’incarne désormais par la décision d’Israël d’occuper complètement le reste de la bande de Gaza et de déplacer tous les habitants la ville centre éponyme. Cela, malgré les déclarations début août de plus de 500 anciens hauts responsables de la sécurité israélienne et diplomates. Ce groupe estime que les objectifs de la guerre déclenchée à Gaza, suite aux massacres du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas, ont été atteints. Ses membres ont appelé à la fin immédiate de la guerre et à la libération des otages.
Les dégâts massifs à Gaza, tout particulièrement des immeubles d’habitation, sont provoqués délibérément par des bombardements et des tirs d’obus, mais aussi par l’armée israélienne, qui, au moyen d’explosifs et de bulldozers, détruit les bâtiments encore debout. L’objectif de ces destructions, qui affectent aussi les ressources en eau et toutes les terres arables, est de rendre la réinstallation des Palestiniennes et Palestiniens dans leur logement et sur leur terre la plus difficile possible, voire impossible. Aujourd’hui, 1,4 million de personnes sont considérées sans abri par les organisations humanitaires et 20% des personnes vivant sur les sites de déplacements forcés dorment en plein air, sans aucune forme de protection. Cela aura des conséquences dramatiques au retour de l’hiver.
Dans la noirceur de la situation, on peut toutefois voir la petite lumière d’espoir que représente la déclaration finale de la récente conférence des Nations Unies sur le Proche-Orient, qui a conclu à la nécessité de reconstruire les infrastructures et les logements de la bande de Gaza, mais aussi de Cisjordanie. Ce travail constituera un défi énorme. Il
coûtera plus de 50 milliards de dollars. Il faudra procéder au déblaiement d’un immense volume de décombres et, en parallèle à la reconstruction des immeubles d’habitation et des infrastructures scolaires, médicales, culturelles, etc. Cette tâche prendra des décennies. La reconstruction impliquera aussi de vastes actions de déminage d’obus non-explosés, sans oublier la recherche de milliers de corps ensevelis sous les décombres.
A ce stade, il est difficile de planifier ce futur, qui dépendra de la fin des opérations militaires israéliennes à Gaza et de l’intensité et de la durée du blocus imposé par Israël à cette terre et à ses habitants. Le combat pour la dignité humaine, comme celui pour que chacun puisse vivre dignement dans un logement, n’est pas une lutte à mener seulement en
Suisse. C’est un combat international qui justifie la solidarité avec celles et ceux qui vivent dans des conditions indignes, que ce soit dans les bidonvilles gigantesques de Rio ou de Nairobi ou dans les pays en guerre comme le Soudan, la RDC, l’Ukraine ou la Palestine.