n°171

n°171 - septembre 2005

A Paris ces dernières semaines plusieurs incendies d’immeubles ont semé la mort. Au cœur de la capitale d’un des pays les plus riches de la planète, des milliers de locataires pauvres et démunis sont logés dans des immeubles insalubres aux conditions de vie et d’hygiène inadmissibles. Bien que connue depuis longtemps, cette situation n’a pas provoqué une remise en cause de la politique du logement, ni l’adoption d’un plan d’action ou la libération de crédits urgents pour la construction des nombreux nouveaux logements sociaux indispensables.
Il aura ainsi fallu plusieurs incendies et l’horreur de la mort dans des brasiers d’enfants, de femmes et d’hommes pour que l’on prenne conscience au sein de la classe politique française de la brutale exclusion sociale des plus démunis et des conséquences dramatiques de l’incurie en matière de logement social.
Aujourd’hui, à Paris, le droit au logement est dramatiquement bafoué.
Les gesticulations quant à l’évacuation des logements insalubres, si elles permettent à d’aucuns de se placer sur la scène médiatique, ne réussissent pas à cacher la coupable négligence des acteurs politiques, l’absence d’assainissement des immeubles et la carence de logements sociaux. La réponse doit être concrète et simple: rapidement un logement décent et financièrement accessible pour chacun.
En Suisse, les tenants du désengagement public de la promotion du logement et plus particulièrement du logement social sont à l’offensive depuis longtemps.

Que ce soit sous la coupole du Palais fédéral, notamment avec l’initiative du radical Philipp Müller qui veut supprimer dans la Constitution fédérale l’aide au logement, ou dans les parlements cantonaux, comme à Genève, où la majorité actuelle privilégie la propriété par étage au logement locatif et social.
Dans notre pays aussi une partie croissante de la population est marginalisée en raison du logement.
Il y a ainsi ces immeubles laissés sans entretien, occupés par des ménages modestes et que ne quittent que ceux ayant les moyens de payer un plus gros loyer. Et que dire de ces baraques en bois, pouvant être aisément la proie des flammes, dans lesquelles sont parquées des familles de requérants d’asile, souvent avec des enfants en bas âge. La mobilisation pour le droit au logement – c’est-à-dire pour des conditions de vie dignes pour chacun – se mène ici comme ailleurs.
Cette mobilisation passe par le choix d’élus engagés pour le droit au logement, mais aussi par la participation dans les actions de résistance contre toutes les formes de discrimination et d’exclusion et par un engagement personnel dans la vie associative. Cela signifie utiliser les instruments de la démocratie directe au niveau fédéral et cantonal pour promouvoir le logement social et empêcher la sape des droits des locataires.

Carlo Sommaruga

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