
n°172 - novembre 2005
Samedi 5 novembre à Berne, l’Union Syndicale suisse fêtait ses 125 ans. Ce jubilé – auquel l’ASLOCA était invitée comme organisation sociale sœur – a permis à cette fédération syndicale faîtière de jeter un regard sur le passé pour mieux scruter l’avenir.
L’enjeu premier de la période actuelle, comme l’ont rappelé les leaders syndicaux à Berne, c’est la transformation des pratiques syndicales. D’organisations de prestations de services qu’ils étaient devenus progressivement pendant la deuxième moitié du XXe siècle, les syndicats doivent se profiler dans tous les secteurs, comme des organisations capables de mobiliser les travailleurs et de mener les luttes pour la justice sociale et être une force de proposition; cela dans un contexte où tout est mis en œuvre pour favoriser le capital au détriment des travailleurs.
L’ASLOCA, fédération romande des locataires, a une histoire différente. Elle s’est construite dans un contexte de luttes sociales contre les abus des bailleurs et pour la défense d’un toit financièrement accessible à tous. De nombreuses bagarres politiques ont été menées et sont toujours menées par les sections cantonales qui permettent de maintenir mobilisés les locataires tant sur la défense collective de leurs droits que celle individuelle de leur logement.
Cela se traduit en résultats politiques importants, comme l’aboutissement d’initiatives et de référendums cantonaux ayant forgé un paysage législatif social moins défavorable aux locataires. Cela se traduit aussi en nombre important de contestations individuelles devant les commissions de conciliation et les tribunaux, notamment en matière de loyer initial.
Toutefois, le risque de voir l’ASLOCA devenir une organisation de services, dépossédée de sa charge mobilisatrice et de sa responsabilité politique existe toujours.
Le cadre légal ou conventionnel que les organisations sociales défendent est d’ailleurs déterminant. Il conditionne cette dépossession. A ce propos, le réveil après l’expérience de la paix du travail a été douloureux pour les syndicats. Cette expérience doit clairement servir à notre mouvement des deux côtés de la Sarine pour se rappeler que la capacité de mobilisation et de lutte individuelle comme collective est fondamentale. Il serait tragique qu’au terme d’un processus de révision du droit du bail, les locataires se retrouvent dans un cadre légal les ayants rendus impuissants devant les seigneurs de l’argent et les maîtres des loyers.
Carlo Sommaruga
Articles issus du journal
Aucun article disponible