n°185

n°185 - juin 2008

Dans un pays où les locataires forment les deux tiers de la population, le puissant mouvement qui les structure – Mieterverband, ASLOCA et Associazione svizzera degli inquilini – devrait pouvoir compter avec une représentation parlementaire solide. La réalité est, hélas, tout autre. Bien que les élus issus des organisations faîtières de bailleurs soient peu nombreux, trois facteurs renforcent leur pouvoir:
1) Les propriétaires de logement sont surreprésentés au sein des chambres.
2) De nombreux élus ont des fonctions dans les organisations cantonales de propriétaires.
3) Ce groupe d’intérêt compte sur l’appui indéfectible de l’économie et des partis bourgeois.
Certes, la bataille permanente des représentants des locataires peut parfois porter ses fruits et freiner les hardiesses des milieux des bailleurs et leurs alliés politiques. Mais pour les soutenir, il faut une majorité populaire solide et facilement mobilisable, sinon le Parlement agit sans vergogne.
Ainsi, en matière de mesures d’accompagnement compensant les effets secondaires de la libre circulation des personnes, les locataires ont été poliment éconduits (voir article page ci-contre).

Citons dans un registre voisin le refus, sous prétexte d’économies, de toute subvention fédérale directe au logement depuis 2004. Les couches modestes de la population remercient.
mais c’est l’arrogance fiscale des bailleurs qui dépasse les bornes. On assiste à Berne à une déferlante de propositions pour baisser les impôts des propriétaires. témoins les multiples initiatives et motions pour relancer l’épargne logement, cette machine à économiser les charges des propriétaires. Sans oublier la révision de la pratique dumont (interdiction de déduire fiscalement pendant cinq ans les coûts d’entretien d’un immeuble négligé) visant à augmenter les déductions fiscales de certains investissements.
Pire: aujourd’hui le loup n’avance plus masqué sous la peau d’un mouton. C’est drapé dans la toge honorable des économies d’énergie qu’il s’en prend à la justice sociale. donc déduction fiscale supplémentaire si les frais sont prétendument investis pour améliorer le rendement énergétique.
Soyons lucides: la bataille sur la révision du droit des loyers ne se gagnera que si nous montrons que nous sommes capables de mobiliser, en cas de be- soin, électrices et électeurs.

Carlo Sommaruga

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