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Fuyant la Syrie ravagée par la guerre civile, ils sont quelque quatre millions à avoir cherché refuge dans les pays voisins. Ces derniers, confrontés à la pénurie de logements abordables avant l'arrivée des réfugiés, ne peuvent répondre aux besoins de tous.  La guerre civile qui ravage la Syrie depuis quatre ans a poussé plus de la moitié des Syriens à quitter leur foyer. Si une majorité d'entre eux (7,6 millions) se sont réfugiés à l'intérieur du pays, 4 millions ont passé la frontière vers les pays voisins, qui accueillent à eux seuls plus de 95% des réfugiés syriens. Et l'exil ne cesse d'augmenter à mesure que le conf lit s'intensifie: sur les 220 000 morts estimés depuis 2011, 76 000 ont été tués en 2014. Villes provisoires Pour parer à l'urgence, la Jordanie et la Turquie ont construit des camps de réfugiés . Véritables villes de tentes ou de caravanes, ils hébergent jusqu'à 100 000 réfugiés. Si les conditions de vie y sont bonnes pour un hébergement d'urgence, elles deviennent pesantes lorsque celui-ci s'éternise: promiscuité, longues distances à pied pour chercher l'eau, électricité défaillante voire absente, vie cloîtrée, loin de tout, etc. Toutefois, malgré ces difficultés, les résidents des camps font figure de privilégiés: bien que les pays hôtes fassent des efforts, seuls 15% des réfugiés trouvent place dans ces camps, tous pleins. Quant aux autres, ils mentionnent un abri comme leur besoin le plus urgent, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. La moitié des réfugiés dans des abris insalubres Les pays hôtes, souvent confrontés à une pénurie de logements abordables avant même l'arrivée des réfugiés, ne peuvent répondre aux besoins des nouveaux arrivés. Rappelons qu'au Liban par exemple, ils représentent un quart de la population totale! Or, les capacités des réfugiés à se loger par leurs propres moyens vont diminuant, à mesure que leurs économies s'épuisent. Sans permis de travail, ils peinent à trouver un emploi, même illégal, et reçoivent alors des salaires si bas qu'ils ne couvrent même pas le loyer. D'autant plus que ceux-ci prennent l'ascenseur avec la pénurie, allant jusqu'à doubler en quelques mois. Près de la moitié des réfugiés vivent dès lors dans des conditions jugées mauvaises: garages, caves, maisons en ruine ou en construction, campements informels – le tout souvent sans chauffage ni électricité, sanitaires ou cuisine. Quant à ceux qui disposent d'un logement digne de ce nom, ils se serrent souvent à plusieurs familles dans des appartements surpeuplés, sans protection contre les abus ni les expulsions. Amnesty International a ainsi recensé 4800 expulsions de réfugiés syriens en un mois au Liban. Une pression intenable La pénurie n'affecte pas que les réfugiés: la compétition pour des logements abordables, accompagnée de la pression accrue sur les infrastructures et le marché de l'emploi, crée des tensions entre communautés et met en péril la poursuite de l'accueil. Depuis 2011, les pays voisins de la Syrie ont fait preuve d'une grande générosité et solidarité, tant au niveau de l'Etat que des citoyens individuels. Toutefois, ils arrivent à bout de souff le: face à des services de base saturés, leurs gouvernements craignent pour la cohésion sociale et la stabilité de leurs pays. En janvier 2015, le Liban a fermé ses frontières, tandis que la Jordanie et la Turquie restreignent fortement les entrées. Une responsabilité à partager Des solutions existent pourtant (réhabilitation des abris de fortune, construction de logements abordables, aide au paiement du loyer, etc.), mais les organisations d'aide se heurtent toutes au même problème : le manque de fonds. L'Europe, qui se barricade comme une forteresse et ne laisse d'aut re por te d'ent ré e que celle, mortifère, de la Méditerranée, n'aide les pays hôtes qu'au compte-gouttes. En 2014, seule la moitié de la somme nécessaire à l'aide humanitaire de base a été réunie. Face à la plus grave crise de réfugiés depuis des décennies, le fardeau doit absolument être partagé à l'international . D'autant plus que la crise risque de perdurer: non seulement le conflit s'enlise, mais même là où les combats ont pris fin, comme à Kobané, il faudra du temps pour tout reconstruire et permettre le retour des habitants. Carlo Sommaruga Secrétaire général ASLOCA Romande
29 mai 2015
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