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Un échec, mais des satisfactions et une mobilisation pour l’avenir!
Le vote populaire a eu lieu. Malheureusement, alors que les premiers sondages à six semaines de la votation donnaient notre initiative «Davantage de logements abordables» gagnante à 66%, le peuple suisse l’a finalement refusée par 57% des voix.
Campagne immobilière massive
Ce bon écho initial au sein de la population a certainement contribué à ce que les milieux immobiliers injectent rapidement plusieurs millions de francs dans la campagne. Les moyens de communication directe ont été nombreux et massifs. Leur tout-ménage mensonger distribué en millions d’exemplaires à travers toute la Suisse, les affiches, leurs publicités dans la presse et sur tous les supports imaginables, comme les panneaux dans les transports publics, dans toutes les gares et parfois à tous les arrêts de tram et de bus, inondaient l’espace public. Certes, la campagne de l’ASLOCA Suisse a été bien pensée, correctement organisée et portée par les sections, mais il nous était impossible de régater financièrement. Nous devrons à l’avenir compenser cette asymétrie financière par un renforcement de notre structure nationale et des forces de campagne dans les sections, comme un engagement accru de nos 220 000 membres à travers la Suisse qui sont notre réelle richesse.Une presse otage du non
Comme d’habitude, le pouvoir de l’argent a influencé le débat et placé les intérêts des investisseurs au-dessus des droits fondamentaux, ici le droit fondamental à un logement abordable pour toutes et tous. L’influence n’a pas seulement été directe par la campagne massive d’annonces et le tout-ménage national. Mais aussi indirecte. En effet, le groupe de presse Tamedia, qui contrôle la Tribune de Genève, 24 heures, Le Matin Dimanche, 20 minutes, Bilan, le Tages-Anzeiger, la Basler Zeitung, la Berner Zeitung, Der Bund et 20 Minuten et SonntagsZeitung, comme les autres groupes de presse écrite, qui ont un urgent besoin des annonces des milieux immobiliers dans leurs pages et ne peuvent donc que les caresser dans le sens du poil, se sont clairement positionnés contre notre initiative, relayant les fake news des milieux immobiliers sur la volonté centralisatrice de l’initiative, ce qui était et est toujours faux.Des éléments de satisfaction
Cela dit, nous avons quelques éléments de satisfaction. Au niveau national, 43% des votants, soit largement plus que l’électorat de gauche, et cinq cantons ont approuvé une politique plus offensive en faveur du logement d’utilité publique. C’est un signal fort. Par ailleurs, toutes les plus grandes villes de Suisse, à l’exception de Lugano, qui est aujourd’hui une commune regroupant une part importante d’arrière-pays villageois, ont soutenu l’initiative. Cela montre que le problème de la disponibilité et l’accès à un logement abordable n’est pas une fiction, mais un besoin reconnu dans toute la Suisse. Le débat porte uniquement sur les moyens de répondre à ce besoin.Un beau succès romand
Au niveau romand, le panorama politique est bien différent et réjouissant, dès lors que, selon les calculs de la Radio Télévision Suisse, ce sont 50,4% des votantes et votants romands qui ont accepté l’initiative. Plus encore, quatre des six cantons romands ont soutenu nos revendications. Et si le canton de Fribourg n’a pas rejoint ce quartette, c’est que, comme dans les régions périphériques de Suisse alémanique, dans la Singine, région germanophone du canton de Fribourg, le très fort rejet a fait basculer le canton vers le non.Renforcer le fonds de roulement
Dès lors, si nos adversaires sont loyaux et de bonne foi, ils doivent aujourd’hui soutenir notre demande de doubler le crédit-cadre en faveur du logement d’utilité publique et le faire passer de 250 à 500 millions de francs sur dix ans, soit 50 millions par année. Cela permettrait de faire passer le nombre de logements d’utilité publique de 1500-1800 à 3000-3600 logements par année. Notre initiative en visait 5000. Le plus important, après ce vote, c’est de rester mobilisés, car la droite immobilière, tant nationaliste que bourgeoise, s’attaque actuellement au démantèlement du droit du bail et plus précisément aux droits des locataires.Carlo Sommaruga
Président ASLOCA Suisse