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Alors que les locataires peinent à trouver un appartement à loyer accessible dans les agglomérations et doivent débourser toujours davantage pour se loger, le Conseil fédéral décide de s’en laver les mains. En rejetant l’initiative populaire pour des logements abordables, il préfère ignorer les difficultés de parts larges de la population, souligne l’Association suisse des locataires ASLOCA.
Sous de belles paroles, le Conseil fédéral s’oppose une fois encore à remédier efficacement aux problèmes locatifs. Des loyers élevés, des hausses excessives à la relocation et des rendements exagérés résultent d’un marché immobilier, sur lequel toujours plus d’investisseurs cherchent du profit. Malgré des taux d’intérêts divisés par deux ces années dernières, un ménage locataire verse aujourd’hui en moyenne 200 francs de plus qu’en 2008 chaque mois, pour avoir un toit.
Hors d’une logique de rendements, il faut plus d’habitations à loyer modéré, accessibles à de larges milieux. Les mesures à cette fin sont contenues dans l’initiative pour doubler annuellement la création de logements d’utilité publique. Des dispositions d’aménagement territorial, un droit de préemption pour les communes et la cession de terrains fédéraux à des maîtres d’ouvrage d’utilité publique ne coûtent aux pouvoirs publics rien d’autre que la volonté de résister au lobby immobilier.
Réunissant villes, cantons et Confédération, le Groupe de dialogue autour du logement a recommandé récemment lui-même un droit de préemption en faveur des cantons et des communes, lors de la vente de terrains des CFF en particulier1. Le gouvernement ne veut décidément pas entendre ni faire un pas en direction de loyers abordables pour le plus grand nombre.
Le Conseil fédéral ne veut parler que d’un nouveau crédit-cadre pour le fonds de roulement, sans même encore établir son montant. Le renouvellement du crédit est certes judicieux, afin de pouvoir continuer d’encourager de façon éprouvée les coopératives d’habitation. Cela est en revanche notoirement insuffisant. Un crédit-cadre n’offre du reste en soi aucune garantie concrète pour promouvoir les coopératives : les montants annuels se décident dans le cadre du budget fédéral – et les coupes se sont comptées en dizaines de millions dernièrement.
1 Dialogue en matière de politique du logement entre la Confédération, les cantons et les villes, Rapport du groupe de travail, 12 décembre 2016, page 12 : https://www.bwo.admin.ch/bwo/fr/home/wohnungspolitik/wohnungspolitik-bund/dialog.html