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Il est temps d’agir Que ce soit au niveau local ou national, l'ampleur du phénomène Airbnb et sa progression sont une réalité. Il ne s'agit plus d'une petite niche négligeable permettant à un locataire de réaliser sans investissement un revenu annexe en mettant son logement à disposition. Avec Airbnb et les plates-formes semblables d'économie de partage dans le marché immobilier, on assiste à un lent, puissant et inexorable siphonage du marché immobilier local vers un marché globalisé et déterritorialisé dont les consommateurs ne sont pas les habitants contribuables de la région, mais les touristes du week-end charriés en masse dans les villes par les compagnies aériennes low-cost. Cette aspiration des logements hors du marché immobilier local génère un coût important pour la collectivité. Cette dernière doit toujours plus faire face à la pénurie en produisant de nouveaux logements à loyer abordable pour répondre aux besoins de la population. Vingt-cinq logements affectés à Airbnb, c'est un immeuble de cinq étages à construire rien que pour compenser la perte. Mais, au-delà de cet investissement supplémentaire, il apparaît que ces plates-formes entraînent la spirale du prix des loyers vers le haut, et c'est à l'Etat et aux communes d'en assumer le coût social. De plus les loueurs Airbnb peuvent facilement contourner l'impôt sur le revenu et toutes les autres sortes de taxes, que la location hôtelière à courte durée du logement soit réalisée de manière professionnelle ou non. Cela est d'ailleurs source d'injustice entre le locataire qui peut «sortir» provisoirement de son logement pour le sous-louer et celui qui, contraint de l'occuper à plein-temps, doit recourir à un emploi pour un revenu annexe ne se soustrayant pas à l'impôt. Echappant aux normes d'hygiène, aux normes de sécurité et au système des assurances, le logeur Airbnb fait courir un risque réel aux habitants de l'immeuble concerné et à ceux des immeubles voisins tout particulièrement en matière de prévention des incendies. Sans oublier que ces sous-locations «trendy» mais bien commerciales mettent politiquement en danger le principe de la sous-location alors que cette institution du Code des obligations permet de dépanner nombre de locataires. Dès lors, il est urgent de lancer une réflexion commune avec les milieux immobiliers et hôteliers et de formuler des propositions dans l'intérêt général qui puissent être mises en oeuvre par les communes, les cantons et la Confédération. Carlo Sommaruga, Secrétaire général de l’ASLOCA Romande
5 février 2016
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