Body
Franc fort La décision surprise de la BNS d’abandonner le taux de change plancher de 1 fr. 20 pour 1 euro a secoué le monde économique et politique et fait couler beaucoup d’encre en quelques jours. De manière stupéfiante, dans la presse suisse, cette annonce a renvoyé en deuxième page les informations sur les suites politiques et sécuritaires des ignobles assassinats survenus quelques jours plus tôt à Paris contre des journalistes et dessinateurs libres-penseurs, des policiers et des membres de la communauté juive. Mais, dans la bourrasque médiatique provoquée par la subite parité du franc avec l’euro, quasi rien n’a été dit des conséquences de cette décision monétaire sur la construction, le marché immobilier et la pénurie de logements qui sévit dans les agglomérations. Et pour cause! Les prévisions globales en lien avec cette nouvelle donne paraissent hasardeuses. Son impact sur l’attractivité de la Suisse pour la main-d’oeuvre européenne – à col blanc comme à col bleu – est encore difficile à déterminer. Si des entreprises menacent de licencier, d’autres se réjouissent du surcroît d’activité généré. La réduction des prix de tous les biens importés de l’Union européenne, notre principal partenaire commercial, va aussi augmenter les disponibilités des consommateurs. Cela rend aujourd’hui impossible une appréciation sérieuse de l’impact sur la demande de logements en propriété ou en location. Une chose est sûre. Après l’annonce de la BNS, les taux d’emprunt hypothécaire ont encore diminué. Les taux des hypothèques à dix ans se négocient actuellement autour de 1%. Cela peut inciter à de nouvelles acquisitions immobilières, vu le faible coût de l’argent. Mais cela a également un impact sur la situation des bailleurs et des locataires. On assiste ainsi à une nouvelle augmentation de la marge bénéficiaire des bailleurs. Leurs coûts financiers baissent, mais le montant des loyers reste inchangé. Ce sont des milliards de francs supplémentaires qui s’accumulent dans les poches des bailleurs. Mais ce n’est pas tout, le taux de référence pour la fixation des loyers va tendre encore plus à la baisse. Ainsi, le 1er mars 2015, ou le 1er juin plus probablement, ce taux devrait passer sous la barre actuelle de 2% et générer un droit supplémentaire à une baisse de loyer. Il appartiendra à chaque locataire de le faire valoir. Enfin, l’accroissement des hypothèques de longue durée à bas coût devrait maintenir le taux de référence pour les loyers à un bas niveau pour plusieurs années, même en cas de retournement de situation. Locataires, soyez forts! Demandez une baisse de loyer. Franc fort ou pas, il faut toujours demander une baisse de loyer.

par Carlo Sommaruga Secrétaire général, ASLOCA Romande

11 février 2015
Mots clés
Bloc redirection Asloca
Pour connaitre les spécificités de votre canton de domicile, veuillez saisir votre code postal :