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Droit de se loger
Depuis plusieurs années, notre journal publie une dernière page sur la situation du logement dans d’autres pays. Ou plutôt sur les graves difficultés que rencontrent les habitants de ces pays en matière de logement. Cela concerne la situation des locataires, mais le plus souvent aussi celle des propriétaires individuels de leur logement dès lors que la propriété du logement est dominante dans ces pays.
Lorsqu'on reprend l'ensemble de ces chroniques internationales, on peut en retirer une constante qui s'applique aussi en Suisse. Le droit au logement – droit social international consacré par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels devant garantir à toute personne un logement stable et digne – est loin d'être une réalité. Pour des millions de personnes, même dans les régions les plus riches du monde comme l'Europe ou l'Amérique du Nord, se loger convenablement ou même s'assurer d'un toit est un défi qui peut être quotidien.
L'article de cette édition sur la situation en Grèce montre comment les politiques économiques d'austérité, dites aussi de redressement des finances publiques, mises en place suite à la crise financière et au sauvetage des banques à coup de milliards de dollars et d'euros de fonds publics, peuvent avoir des effets dévastateurs sur la population. C'est d'ailleurs la population la plus faible qui est la plus touchée. C'est aussi le cas dans les autres pays soumis au même régime, comme l'Espagne, le Portugal ou encore l'Italie.
Mais, contrairement à ce que la pensée dominante essaie de faire croire, les recettes économiques libérales ne sont pas inéluctables. La mobilisation sociale, en Espagne avec le mouvement Podemos, ou électorale, en Grèce avec l'arrivée au pouvoir de Syriza, montre de manière concrète que les citoyens peuvent s'indigner comme appelait à le faire Stéphane Hessel en 2010, mais aussi agir et changer le cours de l'histoire!
Bien sûr, les victoires sociales contre les expulsions en Espagne sont modestes. Bien sûr, les succès politiques du premier ministre grec Alexis Tsipras sont encore fragiles. Mais la modification de la loi sur les expulsions, l'adoption d'une loi pour protéger les plus démunis et surtout la prise de conscience croissante au niveau européen qu'il faut compter avec ceux d'en bas et remettre la question sociale au centre sont des victoires importantes qu'il faut consolider pour qu'elles deviennent réalité!
Cela dépend aussi de chacun de vous!
Carlo Sommaruga Secrétaire général Asloca Romande