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Chaque jour, la Metropolitan Tenants Organization vient en aide aux habitants de Chicago qui sont confrontés aux effets négatifs de la gentrification et forcés de quitter leur quartier. Du point de vue des membres de la communauté, la gentrification, c’est la perte du contrôle par les communautés (et les individus) de leur logement et de leur quartier, le déplacement forcé des habitants. Cela arrive dans les quartiers habités par des personnes de couleur à faible revenu. La gentrification n’est pas un accident. Elle est systémique et soutenue par un système légal défectueux. La gentrification n’est pas un phénomène contemporain. Elle a été légitimée dès la création des Etat-Unis. En 1823, la Cour suprême a légitimé la propriété à travers la conquête. La Cour a jugé que les «sauvages» (ndlr : les natifs américains) n’avaient pas le droit de vendre ou de contrôler leurs terres car celles-ci avaient été «découvertes» par les colons. La colonisation avait tout effacé de ce qui s’était passé avant elle. Cette histoire est très importante pour comprendre le phénomène de gentrification. Dans les grandes villes américaines, les mêmes principes et préceptes légaux sont avancés. Aujourd’hui, ce n’est pas la puissance militaire mais la puissance économique qui pousse les personnes de couleur à faible revenu à devoir quitter leur quartier pour gagner la banlieue. Les investisseurs et leurs partenaires dans les institutions publiques ont «découvert» ces espaces et se sont précipités pour prendre possession des propriétés vides ou abandonnées. Ils ont fait des aménagements afin de coller aux besoins des élites. Ils ont bâti de nouveaux appartements très chers, démoli les bâtiments qui correspondaient aux besoins de la population plus modeste. Les familles qui vivaient dans ces quartiers, bien souvent depuis des décennies, ont été contraintes de partir. Les locataires, notamment à cause du manque de sécurité de l’emploi, ont subi de lourdes pressions économiques pour déménager. Les investisseurs ont souvent fermé les immeubles et expulsé les locataires afin que des habitants non membres de la communauté d’origine viennent s’y installer. Simultanément, les propriétaires ont augmenté les loyers car le quartier devenait «tendance». Une majorité des locataires ont été contraints de déménager sous la pression financière. Par exemple, à Chinatown, plus de 50% des locataires consacraient un tiers de leur revenu au loyer. Nombre des anciennes justifications racistes de conquête sont toujours opérantes aujourd’hui. La gentrification est sou-vent expliquée comme un phénomène répondant à un besoin. Le «besoin» correspond à celui des Blancs et des riches sous prétexte d’améliorer le quartier. En d’autres termes, les habitants actuels n’y sont pas souhaités puisqu’ils ne sont pas capables de l’améliorer. La culture locale est détruite et remplacée par celle des riches. Et si le droit au logement était vraiment un droit de l’homme? D’abord, ce droit serait plus que celui d’avoir un toit. Ce serait garantir un logement décent, sûr et accessible à tous. Ce n’est pas un logement quand il n’y a pas de chauffage en hiver ou qu’il est infesté de moisissures ou de vermine. Le logement doit être abordable. Si le logement devient si cher qu’une personne doit choisir entre manger et payer son loyer, elle aura toujours peur de perdre son logement. Le logement doit être stable. Les personnes devraient pouvoir choisir où elles veulent vivre. Personne ne devrait être contraint de déménager simplement parce que quelqu’un d’autre souhaite vivre au même endroit. Alors, comment changer de politique autour des droits de l’homme et des besoins des communautés? Pour commencer, il faut modifier les lois et mettre fin aux fermetures des immeubles, aux expulsions illégales: aucun locataire ou propriétaire ne devrait perdre son logement sans une procédure officielle.
9 décembre 2015
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