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La commune de Chavannes-près-Renens est citée en modèle dans l’étude «Environnements favorables aux personnes âgées en Suisse». Qu’a-t-elle donc entrepris de spécial pour ses aînés ? Réponse par ses représentants.
Chavannes-près-Renens fait partie d’une région en plein développement urbain et démographique. A l’horizon 2030, sa population actuelle de 8026 habitants pourrait bien doubler. Pour faire face aux différents enjeux que cette pression démographique va poser en termes de cohésion sociale, la commune a établi un partenariat avec le centre de recherche universitaire LIVES pour lancer le projet de politique d’action santé-social Cause Commune, dont l’objectif principal est de faire participer les seniors et tou·te·s les habitant·e·s à l’organisation de leur ville, dans une vision de politique d’action et de santé des âges, afin d’améliorer l’environnement social et la qualité de vie au sein des quartiers.
La plateforme du mois de février: l'occasion pour chaque groupe d'âge de s'exprimer et de trouver des solutions ensemble. @Chavannes-près-Renens[/caption]
Volonté des seniors
Ce programme fait suite à des constats sociaux établis ces dernières années grâce à des démarches communautaires (comme «Quariers solidaires», initiés par Pro Senectute Vaud). En effet, les seniors de la commune ont exprimé de fortes attentes de création de lieux de rencontre et de pouvoir échanger avec les autres générations. Ils étaient très demandeurs de rencontres, même sans être particulièrement en attente de solutions. Pour Alain Plattet, chef du service Cohésion sociale de la commune, l’être humain étant «un animal social» (selon Aristote), pour vivre heureux dans un quartier, il faut qu’il y ait des possibilités de liens. Le programme mis en place à Chavannes-près-Renens est, selon lui, une plus-value pour tous. [caption id="attachment_12111" align="aligncenter" width="940"]Changer l’image de la ville
Loubna Laabar, municipale responsable de la cohésion sociale, de la jeunesse et de l’enfance, explique que la volonté était notamment de changer l’image de la ville, décrite comme une cité-dortoir, sans centralité, avec des blocs de quartiers séparés les uns des autres. «Nous avons voulu faire une politique de proximité et faire sortir l’administration sur le terrain», raconte-t-elle. Elle poursuit: «Les gens étaient restés bloqués sur une crise vécue en 2002. Il fallait donc changer l’image: être plus visible et à l’écoute. Les seniors ont des craintes quant au boom démographique qui s’annonce. La Ville les rassure en leur permettant d’exprimer leurs angoisses mais aussi leurs idées et leurs souhaits. Les seniors participent activement aux séances mises en place et les citoyens deviennent ainsi acteurs. De plus, des synergies apparaissent entre les générations. C’est très bénéfique.»Fête de quartier
Les citoyens ont-ils été partants et enthousiastes dès le départ? Alain Plattet explique que la démarche a été faite d’une manière originale: «Une fête de quartier a été organisée et les référent·e·s ont demandé à parler avec les résidents, afin de récolter des anecdotes sur le quartier.» Les gens ont ainsi été écoutés et cela a permis de les motiver à poursuivre la démarche avec la Ville.Diverses phases tout au long de l’année
La démarche en elle-même est la suivante: quatre référent·e·s de publics spécifiques (enfants, jeunes, adultes et seniors) soutenu·e·s par une coordinatrice et des chercheur·e·s universitaires vont synchroniser leur travail de manière annuelle, afin d’assurer la création d’une dynamique intergénérationnelle au sein des quartiers. Le cycle annuel comprend d’abord une phase d’écoute de la population (6 mois), ensuite une phase de réflexion et de coconstruction avec les habitant·e·s (3 mois) puis une phase de communication (3 mois). La phase de réflexion et de coconstruction constitue le cœur de la démarche: un forum intergénérationnel permet à chaque génération de s’impliquer de manière coordonnée dans l’élaboration de solutions aux thématiques qui la concernent (le premier forum devait avoir lieu en mars mais a été annulé en raison du coronavirus). Au bout de quatre ans à ce rythme-là, ce qui aura permis de faire le tour de tous les quartiers de la ville, une année de «respiration» est prévue, afin de requestionner cette pratique et de la faire évoluer. Dans six ans, le cycle devrait recommencer puisque ce projet est pensé à long terme.Déjà des effets concrets
Le projet a débuté en mai 2019 et a déjà vu des mesures concrètes apparaître: un local communautaire a été ouvert dans un quartier, grâce au soutien du canton, et une cinquantaine d’activités autogérées ont été suggérées par les groupements. Les responsables du projet s’attendaient à recevoir huit à dix propositions et ils sont très satisfaits de cette foison d’idées! Les activités vont des goûters faits par les parents, des bricolages, des matchs de foot durant l’Euro 2020 à l’organisation d’un voyage pour les jeunes ou aux rencontres avec la police de proximité. Les seniors ont demandé une permanence café, des cours de qigong et de tricot, notamment, ainsi qu’un banc (aménagement urbain).Programme à transposer ailleurs
Dario Spini, directeur du pôle de recherche national LIVES, explique : «L’idée est bien de transférer dans le futur certains outils et pratiques à d’autres communes. S’il y avait de l’intérêt, on pourrait imaginer à l’avenir de développer un même programme dans d’autres communes.» Alain Plattet a déjà récemment reçu des demandes d’autres communes...Henriette Schaffter Rédactrice en chef Droit au logement