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Waouh! Du jamais-vu! Deux faits majeurs ressortent de ces élections.
La gauche progresse largement au Parlement. Les partis porteurs des valeurs écologiques progressent bien plus. Bien que le Parti socialiste suisse, premier parti de gauche, perde passablement de suffrages et quatre sièges au Conseil national, l’ensemble de la gauche – qui a toujours été plus favorable aux locataires que la droite parlementaire – progresse fortement. Le nouveau Parlement compte désormais deux représentants de la gauche de la gauche, trente-neuf socialistes et vingt-huit sièges verts. Une force de soixante-neuf sièges sur les deux cents que compte le Conseil national. Une proportion que le Parlement n’a jamais connue.
Mais l’évènement des élections fédérales 2019, c’est la très forte poussée des Verts et des vert’libéraux, qui gagnent respectivement dix-sept sièges et neuf sièges, et atteignent pour les premiers vingt-huit élus et pour les seconds seize élus. Un fait doublement historique. D’une part, jamais dans l’histoire du Parlement un parti n’avait connu la progression enregistrée par les Verts en une seule élection. D’autre part, près de vingt-cinq pour cent du Parlement ont l’écologie comme priorité politique.
De l’autre côté de l’échiquier, la droite libérale, incarnée par l’UDC et le PLR, régresse fortement, perdant globalement dix-sept sièges, y compris un siège de la Lega tessinoise, dont les élus sont intégrés au groupe UDC. Cette saignée de sièges fait perdre au PLR et à l’UDC – les deux partis les plus acoquinés avec les milieux immobiliers – la majorité des cent sièges qu’ils détenaient conjointement lors de la dernière législature.
Le renversement de la majorité UDC-PLR est chose faite. Reste à créer des majorités dans ce nouveau Parlement. Or les nouvelles majorités se feront en fonction des choix du Parti démocrate-chrétien, du Parti évangélique et des trois rescapés du Parti bourgeois-démocratique.
Du point de vue des locataires, la transformation du rapport de force parlementaire est positive. Mais les locataires ne peuvent crier victoire. Premièrement, si une exigence accrue et bienvenue d’assainissement énergétique des bâtiments se fera sentir, vu la responsabilité du bâti dans les émissions de CO2, il sera indispensable de rester vigilant à ce que le coût de nouveaux programmes d’assainissement ne se fasse au détriment du porte-monnaie des locataires.
Deuxièmement, les diverses initiatives parlementaires de démantèlement du droit du bail avaient été soutenues également par le Parti démocrate-chrétien et les vert’libéraux. Il en est allé de même lors du rejet de notre initiative «Davantage de logements abordables», qui sera soumise au peuple suisse le 9 février 2020.
Les locataires peuvent toutefois se réjouir de l’élection de diverses candidates et candidats soutenus par l’ASLOCA en Suisse romande comme en Suisse alémanique. Divers membres de l’ASLOCA Suisse qui se présentaient ont été brillamment élus. Ainsi, Christian Dandrès à Genève, Baptiste Hurni à Neuchâtel, Jacqueline Badran et Balthasar Glättli à Zurich, Michael Töngi à Lucerne et Marina Carobbio au Tessin. Reste encore le soussigné, sorti deuxième derrière Lisa Mazzone à Genève dans la course au Conseil des Etats, qui doit affronter avec elle un deuxième tour le 10 novembre 2019.
Mais les locataires pourront aussi compter sur Céline Vara, nouvelle sénatrice neuchâteloise, élue au Conseil des Etats à la surprise générale. Et si Ada Marra est élue au Conseil des Etats le 10 novembre, c’est Jessica Jaccoud, soutenue par l’ASLOCA Vaud, qui entrerait au Parlement national. Alors, le 10 novembre, les locataires doivent retourner voter dans leur propre intérêt!
La victoire des forces progressistes le 20 octobre doit nous encourager à réaliser la grande mobilisation pour la bataille du logement autour de notre initiative fédérale le 9 février 2020.
Carlo Sommaruga
Président de l'ASLOCA Suisse