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Il y a dix ans nous avons refondé l’ASLOCA Suisse. L’objectif était que notre organisation devienne bien plus qu’un excellent service national de conseil juridique aux locataires. Nous voulions en faire une force sociale et politique nationale forte qui compte et qui puisse imposer dans l’agenda politique les intérêts des locataires, soit les intérêts de la grande majorité des habitantes et habitants de ce pays. Avec l’initiative «Davantage de logements abordables», malgré l’échec dans les urnes, nous avons fait la démonstration que nous avons atteint cet objectif.

Nécessite de logements abordables

Tout d’abord, nous nous sommes prouvé notre capacité à nous réunir autour d’une proposition et à collecter en une année seulement les 100 000 signatures nécessaires pour le dépôt d’une initiative. Ensuite, notre faculté de débat interne et d’organisation au niveau national a fortement progressé. Nous avons construit et mené une incroyable campagne de votation. En effet, grâce à cette campagne, nous avons pu, d’une part, casser le discours fallacieux des milieux immobiliers sur la baisse des loyers et, d’autre part, imposer la problématique de la nécessité de logements abordables pour toutes et tous. En Suisse alémanique comme en Suisse romande, tous les acteurs politiques, le conseiller fédéral Guy Parmelin en tête, ont dû progressivement reconnaître la nécessité de logements abordables. Notre organisation doit partir de ces importants acquis pour renforcer encore sa structure et affronter les nouveaux combats qu’implique la défense des locataires de ce pays.

Soutien des villes

Certes, vous me direz que notre initiative n’a pas passé la rampe. Mais, avec 43% des votants, toutes les grandes villes et cinq cantons derrière nous, c’est un résultat extrêmement solide. Cette capacité à mobiliser des segments importants de l’électorat, dont plus de 50% en Suisse romande, révèle deux choses. D’une part, que nous devons affiner nos stratégies pour faire adopter une initiative par le peuple et les cantons. D’autre part, nous avons la force de mener à bien des référendums défensifs pour s’opposer au démantèlement du droit du bail que la droite bourgeoise et nationaliste en cheville avec les milieux immobiliers organise au Parlement. Le résultat du 9 février est donc un signal politique très clair au Parlement et au Conseil fédéral. L’ASLOCA Suisse est un acteur social et politique qu’il faut prendre en considération. Il apparaît opportun de mettre un terme au démantèlement du droit du bail.

Logements trop chers

Plus immédiatement, il nous faut prendre au mot le Conseil fédéral, la majorité parlementaire et les milieux immobiliers. En effet, tout au long de la campagne, ils ont reconnu que nombre d’habitantes et habitants de notre pays payaient leur logement trop cher, qu’ils étaient favorables à la création de logements d’utilité publique et que le seul instrument efficace était le fonds de roulement en faveur des maîtres d’ouvrage d’utilité publique. Alors, nous les invitons à nous suivre et à doubler dans les plus brefs délais l’alimentation du fonds de roulement pour les prochains dix ans. Cela fera passer le coût annuel de 25 à 50 millions de francs, ce qui est possible car le conseiller fédéral Guy Parmelin reconnaissait sur le plateau de l’émission «Infrarouge» que la Confédération avait même les 120 millions de francs qu’aurait prétendument coûté notre initiative! Toujours au niveau national, il nous faudra revenir avec insistance et convaincre une majorité politique que l’assainissement énergétique des immeubles qui vise à la diminution des émissions CO₂ est un objectif devant être porté par l’ensemble du pays. Ce n’est donc pas aux seuls locataires de supporter le coût de cette opération. C’est à l’ensemble de la collectivité et aux propriétaires. Alors ensemble plus forts et avec force vers les nouveaux combats!

Carlo Sommaruga Président ASLOCA Suisse

2 mars 2020
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