Des loyers qui explosent, un manque drastique de logements à un prix abordable, et maintenant encore l’augmentation des prix de l’énergie et la hausse du taux d’intérêt de référence. Depuis des années, la pression sur les locataires ne cesse de se renforcer. Parallèlement, les groupes immobiliers profitent des rendements très élevés : un ménage locataire a payé 370 francs de trop en 2021, tous les mois. L’Association suisse des locataires (ASLOCA) formule une série de revendications politiques.
« La pression sur les locataires se renforce constamment. Nous sommes assis sur une bombe sociale à retardement : la situation est précaire depuis longtemps pour les locataires à bas revenus, mais la classe moyenne est également touchée. La politique doit agir de toute urgence », déclare Carlo Sommaruga, président de l’ASLOCA Suisse lors de la conférence de presse du jour.
Contrôler les loyers et les rendements
Actuellement, la responsabilité de se défendre contre la hausse des loyers repose uniquement sur les locataires. Or, ces derniers et dernières se trouvent dans une situation de dépendance et n’osent souvent pas faire valoir leurs droits. Conséquence : les loyers abusifs privent aujourd’hui les ménages suisses de milliards de francs chaque année, 10,4 milliards de francs rien qu’en 2021. « Nous avons donc besoin d’un mécanisme de contrôle institutionnel et automatique des rendements et des loyers, y compris de possibilités de sanction. C’est le seul moyen de lutter contre cette situation insoutenable », ajoute Carlo Sommaruga.
Le budget des ménages locataires mis à rude épreuve
Les locataires dépensent aujourd’hui un quart de leurs revenus pour le logement et l’énergie. « Sur ce quart, 370 francs par mois en moyenne correspondent à des rendements abusifs qui vont directement dans la poche des groupes immobiliers. 370 francs pour lesquels aucune prestation n’a été fournie et qui auraient sinon été investis dans une sortie en famille ou une formation continue », précise Linda Rosenkranz, secrétaire générale de l’ASLOCA Suisse. Afin de créer davantage de logements abordables, l’ASLOCA demande d’accélérer la création de logements d’utilité publique. Il faut en outre introduire un droit de préemption des communes et des cantons sur les immeubles privés, des zones pour la construction de logements d’utilité publique, ainsi qu’abroger les assouplissements de la Lex Koller.
Les prix des loyers vont encore grimper
L’augmentation des prix de l’énergie constitue une charge supplémentaire pour les locataires, tout comme la hausse prévisible du taux d’intérêt de référence. « Les locataires sont déjà sous forte pression financière. Si les frais accessoires et bientôt le taux d’intérêt de référence augmentent, cela se répercutera très nettement sur leur porte-monnaie », ajoute Michael Töngi, vice-président de l’ASLOCA Suisse. Une augmentation du taux d'intérêt de référence impactera particulièrement les locataires qui viennent d’emménager dans un logement et qui paient généralement déjà un loyer élevé.
Non à l’attaque contre les locataires
Alors que le poids sur les épaules des locataires ne cesse de s’alourdir, le lobby immobilier lance parallèlement diverses attaques contre les locataires. Ainsi, il vise dans un premier temps à affaiblir la protection contre les résiliations, et, dans un deuxième temps, à augmenter davantage les loyers. L’ASLOCA exige du Parlement qu’il stoppe immédiatement cette attaque contre le droit du bail. Le débat débutera au Conseil national le 7 mars. Une chose est sûre : l’ASLOCA fera valoir tous les instruments à sa disposition pour améliorer la situation des locataires.