Body
Le Conseil fédéral a rejeté le 25 janvier 2017 l’initiative «Davantage de logements abordables» de l’ASLOCA. Un rejet sec. Sans contre-projet. Mais avec la proposition d’un crédit-cadre. Des cacahuètes en somme. De la poudre de perlimpinpin pour tenter de calmer les dirigeants et les militants de l’ASLOCA. Pour donner le change.
Le Conseil fédéral reconnaît que des milliers de familles sont mal logées, que la tension sur le marché du logement est forte. Mais, sans vision politique, il pense que quelques sous vont suffire à calmer le jeu. C’est le Département de l’économie, de la formation et de la recherche (DEFR) qui va lui soumettre une proposition de crédit-cadre en vue d’une consultation ordinaire. Comme le DEFR est en main d’un libéral pur jus, le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, dont la pensée économique est pétrifiée dans les théories idéologiques libérales des XIXe et XXe siècles, il ne faut rien en attendre de très prometteur.
Cette idée de crédit-cadre n’est qu’une promesse en l’air. Comme leur nom l’indique, les crédits-cadres posent uniquement un cadre financier, rien d’autre. Ils fixent une enveloppe maximum dans laquelle le Conseil fédéral peut puiser si son budget permet de dépenser! Aucune obligation de réellement engager des fonds pour le logement abordable.
Même si le Conseil fédéral décidait de mettre au budget un montant relevant dudit crédit-cadre, rien n’oblige le Parlement de le maintenir au moment du vote sur le budget fédéral.
Une solution financière crédible aurait dû passer par des recettes affectées hors budget, comme le fonds FORTA destiné au financement des infrastructures routières ou comme le fonds FAIF destiné au financement des infrastructures ferroviaires. Une part des bénéfices de la BNS aurait pu être affectée à ce fonds «logements». Le canton de Genève l’a déjà fait, pourquoi pas la Confédération?
Cette surdité sociale du Conseil fédéral à l’égard de la classe moyenne et des classes populaires rejoint l’arrogance de la majorité de droite du Parlement ayant approuvé la réforme fiscale des entreprises RIE III. Mais c’était avant la déculottée fracassante infligée sur cet objet par la classe moyenne au Conseil fédéral et au Parlement. Il faut donc espérer qu’en matière de logement aussi, les autorités fédérales reviendront à des positions socialement réalistes.
Entretemps, à l’ASLOCA nous fourbissons les armes pour la bataille populaire. Celle pour un logement abordable pour tous!
Carlo Sommaruga Président de l’ASLOCA Suisse