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Le 13 février, le conseiller fédéral UDC Guy Parmelin organisait ce qu’il appelle la «Deuxième table ronde sur la pénurie de logements». Cette réunion faisait suite à une précédente, tenue neuf mois plutôt, en mai 2023.

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Cette rencontre de février a été pour le moins particulière. On y a certes retrouvé les représentants des cantons et de villes, acteurs institutionnels incontournables en matière d’aménagement du territoire et des politiques du logement, mais surtout un nombre invraisemblable d’acteurs immobiliers. Certains étaient même représentés à double, comme les
propriétaires immobiliers, sous prétexte que l’un est Romand et l’autre Suisse allemand! Pire, les propriétaires étaient représentés une fois sous l’angle des investisseurs, une fois sous celui des propriétaires et une dernière fois au travers de leurs représentants: comme professionnels de l’immobilier. Mais ce n’est pas tout. Alors que les organisations des bailleurs sont inscrites dans le groupe des invités prioritaires des acteurs économiques, l’ASLOCA, malgré ses 220 000 membres et son rôle incontournable en matière de logement, a été reléguée au fond de la liste des invités. Cela, avec des représentants de la société civile comme Caritas, Pro Senectute ou encore Procap. Du fait de cette composition, le ton était donné. Pour le conseiller fédéral Guy Parmelin, ce sont les intérêts des milieux économiques qu’il faut servir en tout temps, même lorsque l’on invoque la crise du logement. En cas de crise, le Conseil fédéral peut adopter des mesures urgentes. La Constitution fédérale le lui permet. Cela a eu lieu pour sauver l’UBS, pour soutenir les entreprises pendant la crise du Covid-19 et pour pallier la déroute du Credit Suisse. A chaque fois des dizaines de milliards de francs ont été mis à disposition en deux temps et trois mouvements. En matière de logement, rien. Jamais rien, même si la crise est bel et bien là, qu’elle touche la majorité des habitants de ce pays et surtout les locataires, les plus faibles économiquement. Or, à l’occasion de la table ronde, Guy Parmelin aurait pu annoncer – pour soulager les locataires et une dynamique sociale négative – un blocage temporaire des loyers, leur contrôle temporaire. Ou encore l’introduction de la formule officielle lors de conclusion du bail initial (qui permet de s’opposer à une hausse exagérée), voire d’un droit de préemption pour les communes et les cantons, qui favorise la production de logements d’utilité publique.

Mais rien! Dans l’agenda du conseiller fédéral Guy Parmelin, les locataires et leurs difficultés comptent pour beurre! A cela s’ajoute que le plan d’action en question est un miroir aux alouettes. En effet, il s’agit d’une simple «to-do list» d’études et d’évaluations de mesures que les communes et les cantons pourraient adopter ces prochaines années, mais sans aucune mesure concrète immédiate. L’impact de ces mesures sur la production de logements interviendrait dans 10 à 15 ans si elles étaient mises en oeuvre rapidement, c’est-à-dire avant même les études proposées. Tel ne sera pas le cas. Au mieux, l’impact sera au rendez-vous dans 20 ans. C’est presque une génération! Tout cela pour autant que les mesures listées soient effectivement mises en oeuvre. Or rien n’est moins sûr! Rappelons-nous qu’en 2013 et 2014 déjà, le prédécesseur de Guy Parmelin en charge du Logement, le conseiller fédéral PLR Johann Schneider-Ammann, avait réuni les villes et les cantons pour définir des mesures destinées à résoudre le manque de logements à loyer abordable et à freiner la hausse des loyers. Mais au final rien! Du vent! Tant que les conseillers fédéraux en charge du Logement resteront coincés dans leur vision idéologique libérale que le marché, avec sa main invisible, règle tout, alors que la dure réalité leur montre que ce n’est pas le cas, la Suisse entière continuera de s’enfoncer dans la crise du logement.
Les locataires de ce pays veulent des actes!

4 avril 2024
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