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Les dépenses liées au logement écrasent certains ménages. L’ASLOCA le constate tous les jours. Elle lancera une initiative nationale pour le contrôle des loyers.

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Un récent rapport du Conseil fédéral, intitulé «Evolution des loyers et pénurie de logements en Suisse» le dit clairement: les tensions sur le marché du logement, connues dans les grands centres urbains, s’étendent désormais aux régions périphériques, plus particulièrement les régions touristiques et de montagne. La pénurie de logements et les augmentations de loyer concernent tous les locataires de ce pays, qu’ils vivent en ville ou non. Nous sommes toutes et tous concernés. Le Conseil fédéral rappelle également, et c’est l’élément central de mon propos, qu’il n’existe actuellement pas de contrôle étatique des loyers. Or cela a été le cas, plusieurs fois, au cours du siècle passé, comme entre 1946 à la sortie de la guerre et 1970.

Le locataire doit tout faire
Pour que les loyers soient véri„fiés, c’est le locataire qui doit prendre l’initiative d’engager une procédure de droit civil. Cette absence de contrôle automatique et systématique est une des raisons qui expliquent pourquoi l’écart se creuse massivement entre les loyers des nouveaux et ceux des anciens baux. Cela rend l’accès au logement plus difficile pour les ménages et contribue au phénomène de gentri„fication. En effet, le moment idéal pour un bailleur d’augmenter un loyer de façon massive, c’est au changement de locataire. Le peu de contestations du loyer initial par les locataires, notamment par peur de mesures de représailles, par manque de connaissance de leurs droits et l’absence de moyens, contribue à creuser l’écart. Regardez plutôt: entre 2009 et „en 2024, l’indice des loyers de l’O˜ffice fédéral de la statistique a augmenté de 17,7%, alors que le renchérissement n’a progressé que de 6,2%. Les loyers ont donc augmenté trois fois plus que l’inflation! Cependant, l’indice des loyers proposés sur le marché, à lui seul, a augmenté de 23,7%, alors que l’indice des loyers des baux en cours n’a progressé «que» de 1,09% sur la même période.

60% des appartements concernés
Une récente enquête de la RTS sur le marché locatif genevois ne dit pas le contraire. Les journalistes ont démontré que les loyers de 60% des appartements ont augmenté entre 2015 et 2024. Cette hausse n’est pas anodine puisqu’elle représente au moins 20% d’augmentation pour quatre appartements sur dix. Cet envol du loyer représente même plus de 50% pour deux cas sur dix. En résumé, là où un locataire payait 1500 francs, le suivant paie 2250 francs, voire plus… Les conséquences de ces augmentations de loyer sont dramatiques. Je pèse mes mots: nous ne sommes pas loin d’une véritable casse sociale. «Si les coûts du logement augmentent plus rapidement que le pouvoir d’achat ou le PIB, cela pose un problème, puisque d’autres postes de dépenses dans le budget d’un ménage sont alors évincés.» Qui le dit? Le Conseil fédéral, qui rappelle que la part des dépenses de logement du cinquième des ménages les plus modestes est systématiquement supérieure à 30%. Pour ces prochaines années, le tableau est inquiétant: la pénurie de logements devrait continuer d’augmenter et les loyers proposés continueront à progresser. Et c’est bien pour cette raison que l’ASLOCA Suisse a décidé d’agir et de passer à l’offensive en proposant une initiative populaire fédérale pour un contrôle des loyers. Le droit à se loger est fondamental et c’est à l’Etat de garantir que personne ne soit laissé sur le bord du chemin. Le marché dysfonctionne, les spéculateurs ont pris la main, à nous de mettre un terme à cette spirale et de redonner à l’Etat son rôle protecteur.

Jessica Jaccoud
Conseillère nationale
ASLOCA Vaud

23 avril 2025
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