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Échanges d’appartements, colocation, sous-location à longue durée, création de quartiers mixtes et denses. La Suisse peut loger tous ses habitants. Si elle le veut!

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Selon les dernières projections démographiques, la population résidente en Suisse atteindra 10,5 millions de personnes à l’horizon 2050. Au regard de la crise actuelle du logement se pose légitimement la question de la capacité de notre pays à mettre à disposition un nombre suffisant de logements pour loger dignement toute la population. Eh bien oui cela est possible, même sans augmentation de la surface globale affectée au logement en Suisse a indiqué récemment Philippe Thalmann, professeur associé à l’EPFL. Pour ce spécialiste du logement, si la surface moyenne du logement par habitant revenait aux valeurs de 1990, les 539 km2 actuels de surface globale de logements en Suisse suffiraient à faire face à la croissance de la population. Cette perspective intéressante s’inscrit positivement dans un développement durable de notre pays. Elle reste toutefois fort compliquée à mettre en oeuvre, car, dans la pratique, il est tout simplement impossible d’imposer à la population un rationnement ou même une diminution du confort du logement.

Des méthodes pour loger du monde
Il existe pourtant des méthodes simples, sur base volontaire, qui permettent d’améliorer l’adéquation de la consommation avec la surface d’habitation. Parmi elles: l’occupation à plusieurs d’un logement, soit par des communautés de logement, soit à travers la sous-location à longue durée de chambres par des locataires qui disposent d’un logement trop grand.
Autre voie: l’échange croisé de logements, prôné de longue date par l’ASLOCA. Ce procédé offrirait aux locataires un instrument souple, adapté à leurs besoins réciproques. Une reprise croisée des baux, sans résiliation, empêcherait les propriétaires de bloquer le projet d’échange en imposant des augmentations de loyer. Mais aujourd’hui ces deux procédés sont combattus par la majorité du Parlement. Les restrictions à la sous-location sont combattues par référendum par l’ASLOCA. Le capital immobilier veut garder les mains libres pour augmenter ses rendements. Dans ces conditions, pour que tout le monde soit logé dignement ces prochaines décennies, il sera indispensable de continuer à construire en valorisant et en densifiant les zones constructibles, mais sans dégrader les conditions de vie des habitants. Or c’est justement le contraire qui se déroule actuellement. Le Parlement vient d’abaisser les seuils des immissions sonores dans les logements pour favoriser les constructions près des routes à fort trafic. Or de nombreuses études montrent que le bruit possède un impact très négatif sur la santé de la population et le développement scolaire des enfants. Comme par hasard, ce seront les classes populaires qui seront reléguées dans ces bâtiments !

Une loi visionnaire à étendre
Dans les années 1950, dans le canton de Genève, des élus visionnaires, de droite et de gauche, avaient élaboré un texte innovant: la loi générale sur les zones de développement.
Celle-ci permet d’imposer des exigences en matière de densification. Elle fixe des règles dans la typologie des logements réalisés (logements en propriété par étages, à loyer libre ou logements d’utilité publique). Elle permet un contrôle des prix et des loyers. Il est désormais indispensable de développer cet outil ailleurs en Suisse pour répondre aux besoins de logement abordables à long terme de toute la population. Notons au passage que cette loi genevoise a été très appréciée par les promoteurs qui pouvaient désormais planifier à long terme des projets immobiliers. Elle accompagne aujourd’hui encore les plus grands projets de logements au bout du lac. En résumé, pour faire face aux besoins en matière d’habitat il faut un peu de clairvoyance et une forte volonté politique. Ces deux qualités manquent tant à la droite parlementaire qu’au conseiller fédéral Guy Parmelin en charge de la politique du logement au niveau fédéral.

Carlo Sommaruga
Président de l'ASLOCA Suisse

4 avril 2024
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